Dans mon travail j’ai du m’éloigner de la maîtrise. Je suis attirée par les émotions que les situations dégagent. Je m’arrête souvent sur les choses des plus petites, à peine perceptibles. Ce sont pour moi des temps de vie. Je m'arrête sur un endroit. Je me suis arrêtée sur Berlin par exemple.

J’aime me retrouver devant une toile blanche, rien n’est plus magique que de se confronter à tant de liberté. Rares sont les moments d’affranchissement extrême !!! C’est cette ouverture totale sur un autre monde que j’aime partager avec les autres. Je vais entamer à chaque toile par rapport à chaque document une aventure singulière. C’est arrivé à livrer de nouvelles émotions plastiques. J'aime déplacer l’attention, et n’y a pas tant d’importance à l’histoire, ni dans l’information, il n'y a plus qu'à sortir de l’image... Il ne reste que des fait picturaux pour amener le spectateur à une filiation avec l’image. 

Mes toiles font parties d’une évolution plastique, certaines sont de sacrées pirouettes impossibles à reproduire. Et puis tout change…

Ma peinture, une aventure, une recherche, lorsque je commence une série, je m’attarde sur une seule toile, plutôt grande... une sorte de brouillon, une toile mère qui donne place à toutes celles qui vont suivre. 

Souvent j’en mets trop. Alors il faut que je m'organiser et je me demande constamment qui est le chef ??? 

J’ai besoin pour l’instant d'un procédé en répétition jusqu'à l'infini afin d’assumer l'image qui donne place à tout autre chose… maintenant se dessine à l'horizon des toiles aux kilomètres... 

Ma technique, un rituel où j’efface. Un jeu de disparition et de réapparition. J’aime confondre car la précision m’ennuie terriblement, la perfection me terrorise et la superposition me permet d’accéder aux mélanges des genres… Ca se joue plutôt dans la contre forme qui est articulée par une profonde fuite de toute égalité picturale, afin d’y voir du coup autre chose.

Pourquoi je peins? Constamment je dois aiguiser mon regard critique et approfondir mon approche technique sans jamais la dissocier de son sens, d’y formuler mon intention afin de m’ouvrir aux enjeux de l’art contemporain. C’est un engagement sur des sujets très personnels, ce sont des réflexions sur le monde qui nous entoure... Un regard sur ma propre histoire afin d’interpréter ce qui est le plus important… Je trouve le moyen d’exprimer mes pensées avec légèreté.

Certains sujets me tiennent à coeur comme les voyages imaginaires, et oui, voyager devient de plus en plus complexe, et surtout pas besoin de voyager très loin pour faire un grand écart... Encore ici une expérimentation composée et orchestrée par un travail qui tourne autour du fond, de la forme et de la couleur. Des formes qui poussent les une dans les autres et qui laisse place au vide, à la respiration grâce au traitement par le trait. Ce sont des constats de circulation incroyable que l’on ne peut expliquer, et de nombreuses impressions accumulées.